« Là où loge le souci, le sommeil ne s’abat jamais ».
Shakespeare, W.

Petit, l’enfant a besoin que ces parents lui aménagent une aire transitionnelle d’endormissement (Soulé). Le moment du coucher peut en effet faire surgir des angoisses. L’aire en question est un espace intermédiaire que nous remplissons de petits rituels tels que la lecture d’une histoire, un chant, etc. pour lui permettre d’entrer dans le sommeil réparateur mais aussi source de séparation avec l’entourage. Certaines difficultés d’endormissement sont liées à la fragilité de cette aire.
A l’adolescence, période de grandes transformations, on observe une recrudescence des troubles du sommeil. Ils pourraient aller jusqu’à expliquer des difficultés d’ordre psychosocial. C’est à ce moment que les parents voient apparaître chez leurs enfants des conduites qu’ils n’avaient pas vu auparavant. Ils se mettent, par exemple à écouter la radio avant de plonger dans le sommeil. Ils réaménagent ainsi l’aire que leurs parents, petits leurs avaient fabriqués. Ceci dans le meilleur des cas. Dans d’autre cas le sommeil peut représenter pour eux un véritable « abîme d’incertitude et de menace». Les insomnies en sont la conséquence. Refermons cette parenthèse faite sur les différents âges de la vie et le sommeil et revenons aux généralités.

Des études menées autour de la dépression nous montrent que cibler les difficultés de sommeil, peut permettre d’optimiser la généralisation des effets thérapeutiques (pharmacologiques ou psychothérapeutiques) et prévenir la rechute. Ce que nous devons retenir c’est, qu’une personne privée de sommeil, voit ses difficultés personnelles augmenter. Par voie de conséquence, ces problèmes de sommeil augmentent. C’est le début d’un cercle vicieux.
Le sommeil, bien que n’ayant que peu de place dans nos sociétés, est d’une importance capitale et il vaut la peine qu’on s’y attarde. Un bon sommeil, (et nous pouvons emprunter cette analogie à FREUD ‘1976, Métapsychologie) serait une reviviscence du séjour dans le corps maternel, dont il réalise certaines conditions : position de repos, chaleur et mise à l’écart de l’excitation, bien des hommes reprennent même dans le sommeil, la position corporelle du fœtus. Et il ajoute, que l’état psychique des dormeurs, se caractérise par un retrait presque total du monde environnant et par la suspension de tout intérêt pour lui.
Si le boire et le manger sont essentiels à notre vie, le sommeil l’est tout autant ou oserons-nous dire le « repos » ? A vos oreillers !!!
Guylène Rioual
Bibliographie
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